Association Nationale 1914-1918

A la découverte des sites de la Grande Guerre

Albums Seconde Guerre Alain Puech

Nous savons que la Deuxième Guerre mondiale est la "suite" malheureuse de la Grande Guerre et qu'un grand nombre d'officiers français, américains, britanniques et allemands se sont formés au combat en 14-18 pour devenir de grands généraux en 39-45. Nous savons aussi que de nombreux adhérents sont aussi passionnés de ce second conflit, de ce fait à titre exceptionnel nous avons souhaité mettre en ligne plusieurs articles relatant des évènements importants de cette Guerre 39-45.

1/ Les Plages du Débarquement : Omaha Beach

En 1994, à l’occasion du cinquantième anniversaire du débarquement américain en Normandie, j’ai décidé de réaliser un reportage, initiative encouragée par plusieurs personnalités de la région. Aidé d’une carte précise, j’ai fait un circuit de plusieurs jours, entre Dives et Barfleur, pour avoir un aperçu le plus complet possible des installations de défenses allemandes, destinées à la protection des troupes positionnées sur le front de Normandie. Ce reportage de plus de 600 photos terminé, je me suis concentré sur la plage d’Omaha Beach, haut lieu du débarquement américain, avec la pointe du Hoc et Utah Beach. C’est ce travail que je vous invite à découvrir.

En 1944, le maréchal Erwin Rommel est nommé à la tête du groupe d’armées B, en Normandie. Une de ses tâches sera de fortifier la défense des plages afin de repousser une possible invasion. Des milliers d’obstacles, pieux, asperges de Rommel, portes d’étables belges etc. ... seront installés, des champs de mines créés et les arrières des plages inondés. Des blockhaus seront construits, d’autres renforcés et de nombreux points d’appui établis. Des murs antichars seront également construits. De Colleville à l’est, à la pointe de la percée à l’ouest, 12 ouvrages défendent la plage d’Omaha Beach, numérotés WN 60 à WN 72.

L’infanterie débarque après une préparation aérienne et navale ratée, avec une mer houleuse, les barges de débarquement ayant dérivées vers l’est. Le 16ème IR de la 1ère division d’infanterie, la fameuse Big Red One, arrive à l’est de la plage tandis qu’à l’ouest, devant Vierville, débarque le 116ème IR de la 29ème division d’infanterie, la Blue and Grey. Ces unités seront renforcées de bataillons de génie et de chars. Une compagnie du 2ème bataillon de Rangers est adjointe à l’extrême droite du 116ème.

La première vague des deux divisions débarquées sera massacrée. On estime à 1 350 hommes les pertes de la 1ère et à 1 300 celles de la 29ème, morts, blessés et disparus, toutes armes confondues. Des chars amphibies sont mis à l’eau, 3/4 coulèrent avant d’arriver au rivage. Omaha Beach fut appelé par les soldats « Bloody Omaha », Omaha la sanglante.

Afin d’empêcher l’arrivée de renforts allemands, 2 divisions de parachutistes furent larguées quelques heures avant l‘heure H, la 82ème AB aux alentours de Sainte-Mère-Eglise et la 101ème AB aux alentours de Sainte-Marie-du-Mont. Entre Omaha et Utah, le 2ème bataillon de Rangers est parvenu à escalader la Pointe du Hoc, malgré de lourdes pertes, afin de détruire des canons qui n’étaient plus là, car démontés.

Je ne résiste pas à vous transmettre un petit poème retrouvé lors de ces investigations :

L’écume est rouge
Plus rien ne bouge
Le vent emporte outre atlantique
Les âmes des enfants d’Amérique
Et le soleil réchauffe parfois
Leurs vingt ans qui dorment aujourd’hui
Face à la mer en Normandie

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2/ L'ouvrage fortifié de Galgenberg (Moselle)

L’ouvrage fortifié du Galgenberg , gros ouvrage d'artillerie, en forêt de Cattenom fait partie des constructions de renfort de la Ligne Maginot.

De retour de la guerre, où il a été blessé en novembre 1914, André Maginot se préoccupe de la défense de nos frontières.

Devenu ministre, il souhaite entreprendre des travaux afin de remobiliser nos défenses le long du Rhin, son slogan étant « le béton vaut mieux à cet égard et coûte moins cher qu’un mur de poitrines ».

La construction de cette ligne de défense débutera en 1927 pour se terminer en 1936 mais elle ne jouera aucun rôle primordial lors de l’invasion allemande en 1940.

L’ouvrage du Galgenberg, portant l'indicatif A15, est situé dans le département de la Moselle, dont Il couvre la vallée de ses tirs. Il est composé de deux entrées et huit blocs de combat. Son effectif commandé par un capitaine était de 445 hommes ( 167ème RIF, 151ème RA et 2ème RG )

Nos guides, nous ont fait découvrir, à travers un vaste cheminement, cet ouvrage de défense bien équipé surnommé « Le gardien de la Moselle »

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3/ Le ravin du Loup : Wolfsschlucht 2 (Aisne)

Le Ravin du Loup est le nom de code du quartier général qu'Adolf Hitler fit bâtir entre 1942 et 1944 près  de Soissons et du Chemin des Dames.

Construit par 22 000 ouvriers, d'une superficie de 90 km2, il se trouve entre les  villages de Margival, Laffaux et Neuville.

860 ouvrages, dont 475 blockhaus, le composent et ce uniquement pour la protection du grand quartier général d'Hitler et de son Etat-major.

C'est ici que fût décidé le sort du Grand Paris ainsi que la suite à donner au débarquement allié en Normandie.

C’est en effet le 17 juin 1944 que le Führer en personne est venu pour mettre en place, avec son Etat-major et ses maréchaux, les plans destinés à enrayer l’avance des alliés et autoriser l'envoi des divisions stationnées dans le nord de la France vers le front ouest .

Après une réunion importante qui devait décider du sort de la guerre, ne tenant pas compte des avis de Rommel et de Von Rundstedt, il quitta le camp de Margival, ne voulant rien changer au plan de bataille qu’il avait prévu.

C’est au cours de cette réunion que fût évoquée la destruction de Paris.

De ce camp, il reste la totalité des constructions, abris du Führer, blockhaus, central téléphonique, chambres et piscine y compris le tunnel de 647 m de long qui conduisait à la petite gare le long de la voie ferrée.

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4/ Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne)

Quelques semaines avant le cinquantième anniversaire de la destruction du bourg d’Oradour-sur-Glane, j'avais été sollicité par l’Administration dans laquelle  je travaillais afin de réaliser un reportage en vue de préparer une exposition photographique dans le Limousin.

Pour des raisons de politique nationale celle-ci n’a pu se réaliser. Le village avait rendu sa Légion d’honneur accordée par le Gouvernement et remis en cause la construction de  deux Monuments aux Morts.

Les séquelles du procès de Bordeaux en 1953 et la mise en cause de SS alsaciens (« malgré nous ») expliquant aussi cette décision.

Je suis donc descendu plusieurs fois pour réaliser des photos et, en relecture, j'ai trouvé les épreuves en noir et blanc plus puissantes.

Je vous en fais découvrir quelques-unes.

Ici les hommes firent à leur mère et à toutes les femmes la plus grave des injures : ils n’épargnèrent pas les enfants.

                                                                                       Paul Eluard

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Un peu d’histoire avec l'aimable concours de Jean-Paul HAYART,

Faisant parti de la 2. SS-Panzer-Division Das Reich , qui laissera dans les pays de l’Est le souvenir de nombreuses exactions, exécutions de civils, destructions de villages, chasses aux partisans, etc. etc.  le régiment Der Führer participe à toutes les grandes batailles en Russie. Après la bataille de Koursk et la perte de près de 8 000 hommes, la division laissant un groupe de combat en Russie, rejoint à partir d’avril 1944 et peu à peu la région de Montauban où elle pourra se reconstituer en hommes et en matériel.

La résistance, très active dans le Limousin, posera de nombreux problèmes aux troupes d’occupation.
Le 6 juin 1944 les forces alliées débarquent en Normandie.
Dès le lendemain, la Das Reich commandée par le général Heinz Lammerding quitte Montauban selon deux axes, l’un passant par Tulle et l’autre par Limoges, pour rejoindre le front de Normandie, tout en mettant fin à « l’agitation des maquis », nombreux en Limousin.
Faute d’avoir été  renforcé en matériel, craignant les attaques des maquisards, le moral des troupes est fragile.
Cette remontée sera jalonnée d’escarmouches avec la résistance et d’exécutions de nombreux civils.
A partir du 21 mai, les opérations de répression sont plus intenses et le 9 juin une centaine de civils sont pendus à Tulle et des exécutions sommaires sont perpétrées dans les villages ou fermes isolées dans la campagne environnante.
Les majors (Sturmbannführer) Dieckmann commandant le 1er bataillon et Kämpfe commandant le bataillon de reconnaissance (Kämpfe étant très prisé dans la division et grièvement blessé en Russie) sont chargés de libérer et de sécuriser les routes vers Limoges.
Le 9 juin Helmut Kämpfe est enlevé par le maquis non loin de Saint-Léonard-de-Noblat . Il aurait été exécuté le 10 juin.
Le samedi 10 juin, à l’hôtel de la Gare de Saint-Junien, à quelques kilomètres d’Oradour, en présence du général Lammerding, du chef de la SD locale, de membres de la milice et du major Dieckmann , est prise la décision d’anéantir le bourg d’Oradour et de massacrer ses habitants.
En début d’après-midi, sous les ordres du major Dickmann, commandant du 1er bataillon, du capitaine Kahn, commandant la 3ème compagnie et du S/ lieutenant Barth, deux colonnes motorisées, camions, véhicules semi-chenillés se dirigent vers Oradour .
Dès le passage de la Glane, les SS remontent les rues du village afin de l’encercler, les hameaux environnants subissent le même sort.
Chaque entrée de la commune est gardée et des SS patrouillent dans les environs afin de « rafler » toutes personnes qui seraient dans le périmètre pour les envoyer, sous bonne garde, dans le village.
Sous prétexte de contrôle de papiers, tous les habitants sont dirigés vers le champ de foire, malades et enfants compris. Les habitants des hameaux et les ouvriers travaillant dans les champs subissent le même sort et plusieurs personnes ne voulant pas obéir sont abattues. Les passagers du tramway venant de Limoges sont également emmenés au lieu de rassemblement.
Le village étant rassemblé et sous le prétexte qu’il y aurait des caches d’armes dans la commune, Dickmann demande au maire, Monsieur Desourteaux, de lui indiquer les lieux de ces prétendues caches et de désigner 30 otages. Celui-ci refuse et se porte garant de ses administrés.
A ce moment, prétextant la fouille du bourg, les hommes et adolescents sont emmenés dans six lieux, granges et garages, où des mitrailleuses sont mises en batterie tandis que les femmes et enfants sont dirigés vers l’église où ils sont enfermés et périront dans les flammes sous l’effet des explosifs et gaz asphyxiants
A un signal, les SS ouvrent le feu sur les hommes parqués dans les granges et après avoir achevé les blessés amènent de la paille et y mettent le feu.
Comme dans les granges, les possibles survivants sont mitraillés et les corps recouverts de paille, chaises, fagots, etc …auxquels on met le feu également.
La chaleur est telle que les cloches fondent.
Le village est de nouveau perquisitionné et toutes les personnes n’ayant pu se déplacer, vieillards, impotents sont exécutés.
On retrouvera des corps calcinés dans le four d’une boulangerie, d’autres dans un puits, d’autres encore dans leur habitation, certains ici et là dans la commune comme un garagiste tué près du cimetière alors qu’il s’échappait.
Le soir venu, à part quelques hommes restés de garde, les SS partirent faire bombance dans un village environnant avec les victuailles et boissons « trouvées » à Oradour.
Le lendemain, des détachements revinrent pour essayer de minimiser le massacre de la veille. Plusieurs fosses furent creusées afin d’y ensevelir de nombreux restes humains.
Il y avait ce samedi 10 juin à Oradour distribution de tabac et visite médicale des enfants des écoles et de ce fait une animation plus importante que les autres jours.

Le massacre fit 642 victimes, hommes, femmes et enfants.

Dans l’église il y eut une rescapée qui put s’enfuir par un vitrail derrière le maitre autel.
Dans une des granges, seuls cinq hommes tous blessés, parvinrent à s’échapper. Tous ont perdu leur famille.
Un de ces hommes, Robert Hébras, est toujours en vie.

En 1953 eut lieu le procès de Bordeaux où furent jugés quelques SS retrouvés.
Dans un contexte politique complexe, les 13 Alsaciens « malgré nous »  furent acquittés. Un seul d’entre eux, sous-officier mais engagé volontaire dans la SS en 1940, fut condamné à mort mais libéré quelques années après. Il est mort il y a peu en Allemagne où il vivait.
Le général Lammerding est mort en 1971 et ne fut jamais inquiété.
Le major Dieckmann a été tué en Normandie, il est inhumé dans la nécropole Allemande de La Cambe (Manche).
Le capitaine Kahn et mort en 1977 sans avoir été jugé ni inquiété lui non plus.
Le sous-lieutenant Barth , qui déclarait en avoir tué personnellement 12 à 15, fut jugé et condamné en 1983 à la perpétuité et libéré en 1997 pour raison de santé. Il est mort en 2007.

Pourquoi Oradour ?

De nombreuses raisons ont été évoquées, maquis, caches d’armes, suites de  l’enlèvement du major SS Kämpfe, erreur avec Oradour-sur-Vayres aussi dans le département de la Haute-Vienne, etc etc …
Il fut dit aussi que c’était Saint-Junien qui devait être détruit mais que la commune étant trop importante on s’était rabattu sur Oradour.
Malgré les études faites avec des moyens modernes et des historiens compétents on ne sait toujours pas avec certitude le pourquoi Oradour-sur- Glane.
Le dernier des survivants, Robert Hébras, y a exercé l’honorable profession de garagiste et il  y demeure toujours.

Jean-Paul HAYART, co-auteur de ce texte connaît bien cette région.
Durant la Seconde Guerre mondiale son père prisonnier puis évadé est venu se réfugier à Saint-Junien village proche d’Oradour ou il est entré dans la résistance.

5/ Le camp de concentration du Natzweiler-Struthof (Bas-Rhin)

Ce reportage photographique est le dernier volet d’une série de lieux  consacrés à la deuxième Guerre Mondiale.

Il y a cinquante ans, jeune fonctionnaire, j’ai fait la connaissance d’un Parlementaire du Bas-Rhin avec lequel j’ai sympathisé, François Grussenmeyer (1918-1997). Natif de la région Alsace, il avait connu les affres des territoires occupés par les Allemands. Fait prisonnier en juin 1940, il devient résistant dès sa libération. En 1943, il est arrêté par la Gestapo et envoyé au camp de Schirmeck pour être ensuite incorporé de force dans la Wehrmacht afin de combattre sur le front de l’Est. Outre des informations historiques, il me raconta la vie quotidienne de la population alsacienne sous le joug des envahisseurs et son engagement politique à la libération. Il me suggéra d’aller découvrir le camp de concentration  du Natzweiler-Struthof et d’y faire un reportage photographique permettant de mettre des images sur ce lieu historique.

Le camp du Natzweiler-Struthof est un camp de concentration nazi situé dans le département du Bas-Rhin, en Alsace annexée par l’Allemagne, sous le troisième Reich. La construction du camp fut supervisée par l’ingénieur Blumberg en accord avec Himmler, et sur les conseils de l’architecte en chef du Reich Albert Speer. Celui-ci avait pu constater que dans les carrières avoisinantes se trouvait un grès rose de très bonne qualité. Afin de réaliser les travaux de terrassement et d’extraction de la pierre dans ces carrières, Himmler, alors chef de la Gestapo, décida l’installation d’un camp de travail composé de prisonniers (KL Camp de concentration).

Au cours de la guerre, plus de 52 000 personnes passeront sur ce camp. Elles seront victimes de la violence et de l’acharnement physique des gardiens, des kapos, vivront dans des conditions de vies inhumaines, sous les ordres et la responsabilité du Commandant J. Kramer à la sinistre réputation. Quatre-vingt SS, dont huit femmes, assuraient l’administration et l’encadrement.

Il y a cinquante ans, jeune fonctionnaire, j’ai fait la connaissance d’un Parlementaire du Bas-Rhin avec lequel j’ai sympathisé, François Grussenmeyer (1918-1997). Natif de la région Alsace, il avait connu les affres des territoires occupés par les Allemands. Fait prisonnier en juin 1940, il devient résistant dès sa libération. En 1943, il est arrêté par la Gestapo et envoyé au camp de Schirmeck pour être ensuite incorporé de force dans la Wehrmacht afin de combattre sur le front de l’Est. Outre des informations historiques, il me raconta la vie quotidienne de la population alsacienne sous le joug des envahisseurs et son engagement politique à la libération. Il me suggéra d’aller découvrir le camp de concentration  du Natzweiler-Struthof et d’y faire un reportage photographique permettant de mettre des images sur ce lieu historique.

Le camp du Natzweiler-Struthof est un camp de concentration nazi situé dans le département du Bas-Rhin, en Alsace annexée par l’Allemagne, sous le troisième Reich. La construction du camp fut supervisée par l’ingénieur Blumberg en accord avec Himmler, et sur les conseils de l’architecte en chef du Reich Albert Speer. Celui-ci avait pu constater que dans les carrières avoisinantes se trouvait un grès rose de très bonne qualité. Afin de réaliser les travaux de terrassement et d’extraction de la pierre dans ces carrières, Himmler, alors chef de la Gestapo, décida l’installation d’un camp de travail composé de prisonniers (KL Camp de concentration).

Au cours de la guerre, plus de 52 000 personnes passeront sur ce camp. Elles seront victimes de la violence et de l’acharnement physique des gardiens, des kapos, vivront dans des conditions de vies inhumaines, sous les ordres et la responsabilité du Commandant J. Kramer à la sinistre réputation. Quatre-vingt SS, dont huit femmes, assuraient l’administration et l’encadrement.

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A la fin de la guerre, ce camp prévu pour 2 000 personnes, en comptera 7 000,  y compris les commandos travaillant à l’extérieur, répartis dans les villages alsaciens jusqu’à la frontière allemande, au bord du Rhin. Connu et situé par des reconnaissances aériennes, il sera un des premiers libérés lors de l’avancée des troupes vers Berlin. Pour beaucoup de prisonniers, ce sera une délivrance. Rappelons qu’avec le camp de Mathausen, il fût un des plus meurtrier du système nazi mis en place, bien que n’étant pas un camp d’extermination mais un camp de travail, destiné à l’asservissement moral et physique des ennemis « incorrigibles du Reich ».                

Comme je l’ai indiqué au début de ce texte, les prisonniers souffraient beaucoup du climat, le grand froid l’hiver et chaleurs torrides l’été, le camp étant construit à flanc de montagne. De plus, les conditions imposées par les gardiens minaient le moral des détenus. Il y eut de nombreuses pendaisons et exécutions par balles. On peut évaluer à 22 000 le nombre de morts dont 5 000 lors des marches forcées au moment de l’évacuation du camp par les nazis au printemps 1945.

Observation importante: on peut remarquer sur certains clichés des cuves, des chambres à gaz et des table de vivisection. A la demande d’Himmler, de nombreux travaux dits scientifiques ou recherches médicales furent réalisés dans tous les camps de prisonniers. Au Struthof, ces  recherches ciblèrent particulièrement les détenus Juifs et Roms, sous la conduite des médecins maudits SS E. Haagen et A. Hirt. En 1943 le commandant Kramer fit construire une chambre à gaz afin de faciliter les recherches post-mortem.

Le camp fût libéré vide par la 6ème Armée Américaine. Les différents Commandants du camp seront condamnés à mort puis pendus. Les médecins condamnés à des peines de prison en 1954 seront amnistiés.

« Ici le temps semble s’être arrêté un autre temps d’ailleurs »

Ce reportage photographique a été réalisé en février 1968 par un temps glacial et une journée sans soleil  sur les hauteurs des monts d’Alsace.

« NACHT und NEBEL ……. NUIT et BROUILLARD »

Merci Jean Ferrat

6/ Le blockhaus hôpital 118 C des Sables-d'Olonne (Vendée)

La déroute des troupes allemandes devant Stalingrad en février 1943 va précipiter les décisions au sein de l’OKW (Oberkommando der Wehrmacth).

De nombreux officiers de tradition pensent que c’est un tournant dans la guerre et qu’il va falloir se préparer non seulement à un repli mais à une contre-offensive menée par les Alliés. Les informations parvenant des services de renseignements de l’ABWEHR font état de préparatifs intenses sur le territoire britannique de même qu’aux USA où l’armée s’entraîne dans des camps sous les ordres du Général Patton.
Hitler va nommer le Général Rommel pour structurer et renforcer les côtes de la Manche et le front atlantique de Brest à Biarritz.
L’organisation Todt et le STO vont être mobilisés pour participer au renforcement du dispositif de défense préconisé par Rommel. Saint-Nazaire et sa base sous-marine étant deux des principaux points visés lors d’une éventuelle offensive de la marine et de l’aviation ennemie.

L’amiral Karl Dönitz, commandant en chef de la marine, va superviser les travaux sur l’ensemble des côtes.
Construit en 1943, proche de l’abbaye de St Croix, le blockhaus hôpital type 118 C sera positionné en plein centre-ville des Sables-d’Olonne. Il est le dernier ouvrage encore intact, les autres ayant été détruits par des bombardements.

Composé de 20 espaces, commandé par 2 officiers, 2 médecins et 4 infirmiers, il est bien équipé pour recevoir les blessés des combats qui se déroulent aux alentours, salle d’opération, infirmerie, chambre pour le personnel soignant et pour les officiers. Il possède également une centrale électrique pour la ventilation ainsi qu’une pièce où reposent les soldats gravement touchés accompagnés de l’aide morale d’un aumônier.

Une centaine de marins seront ainsi soignés.

Les documents militaires et dossiers médicaux seront détruits ainsi que le matériel et les installations par les troupes allemandes lors de leurs replis en août.1944 Il en sera de même avec les structures portuaires.
Par contre, avant ce départ, les plages furent minées.

Durant 70 ans il fera partie du paysage en plein centre-ville et, en 2017, un musée sera installé afin de faire visiter au public cet ouvrage de 300 m2 avec des scènes très réalistes et une remarquable reconstitution de la vie interne des occupants allemands.

Je vous invite à visiter cet album photo.

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7/ Le camp d’internement de Royallieu à Compiègne (Oise) Front Stalag 122

Situé au nord de Compiègne, le camp d’internement de Royallieu est un lieu chargé d’histoire, l’histoire de la seconde Guerre Mondiale, de l’invasion de la France par les troupes allemandes et de la répression qui s’ensuivit.

Dès 1940, les autorités allemandes, aidées par les collaborateurs et la milice parisienne aux ordres, se mettent en chasse, poursuivant les résistants, les juifs, les réfractaires au STO (Service du Travail Obligatoire) et les communistes. Les prisonniers sont dirigés dans un premier temps vers Drancy, mais ce camp, en proche banlieue, s’avère vite trop petit pour contenir cet afflux, surtout après l’énorme rafle du Vel d’Hiv. A Paris. Un ancien hôpital, transformé en caserne en 1913 est choisi dans la région de Compiègne, les autorités allemandes gardant en mémoire l’humiliation de la clairière de Rethondes toute proche. Constituée de 23 bâtiments, cette caserne permettra de garder plusieurs milliers de prisonniers otages et plus de 50 000 personnes transiteront par ce camp d’internement, avant de partir dès 1942 vers les camps de concentration et d’extermination tels que Birkenau et Auschwitz. Différentes nationalités de prisonniers y seront retenues, des Américains, des Britanniques et dans le « Front Stalag 122 » seront enfermés des artistes, poètes et musiciens. Certains résistants et communistes seront transférés vers le Mont Valérien pour y être fusillés, 93 au total sur lesquels nous reviendrons dans un prochain reportage. D’autres s’échapperont par un tunnel encore visible aujourd’hui.

Réaménagé en 2008, ce lieu permet aux visiteurs de découvrir ce camp de concentration et de transit et comprendre comment et pourquoi les Allemands sont passés d’une politique de répression à une action plus raciale et expéditive avec les fusillades et la déportation.

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8/ Le Mont Valérien, mémorial de la France combattante

      Le Mont Valérien est situé à l’ouest de la capitale, il fait partie des 16 forts construits vers 1840 pour protéger Paris. Dès la libération, le général de Gaulle décide d’y implanter un mémorial de la France combattante, plus d'un millier de résistants et otages y ayant été fusillés par les Allemands. Il est inauguré le 18 juin 1960.
        Le monument est sobre, constitué d’une vaste esplanade avec une croix de Lorraine en son centre et de chaque côté, huit hauts reliefs en bronze représentant les différents types de combats et actes de bravoure (Rhin, Monte Cassino, le maquis, la déportation…). Une vasque brule jour et nuit la flamme du souvenir
         Près d’un glacis de grès rose, au pied du mur de la forteresse, un parcours du souvenir débute. Plus de 1 040 condamnés furent fusillés entre 1941 et 1044, venant de différentes prisons telles que Fresnes, Royallieu… Les exécutions se passaient dans un lieu relativement discret, dans une petite clairière entre fossés de terre et hauts murs de la forteresse, grande comme une cour d’école. Communistes, maquisards, juifs, résistants furent mis à mort par les nazis. Le lieu est sinistre en cet hiver où je suis venu faire mon reportage.
        Un peu plus loin se trouve une petite chapelle : lors des exécutions massives, les condamnés attendaient leur tour et dans leurs derniers instants gravaient quelques lignes sur les murs... On peut encore apercevoir cinq poteaux d’exécutions et les cercueils qui servaient à transporter les corps vers une fosse commune. En face de la chapelle, une création artistique récente en bronze, en forme de cloche, rappelle à tous le glas des morts, l’appel du tocsin et les sonneries de la victoire… Sur cette œuvre sont inscrits tous les noms des hommes et des femmes fusillés en ce lieu.
       Dans la crypte se trouvent 17 cercueils de combattants et résistants dont deux femmes. Le 10 novembre 1946, après une cérémonie à l’Hôtel des Invalides et à l’Arc de Triomphe, ils furent transférés au Mont Valérien. La crypte est d’une très grande rigueur, le silence règne, les tombeaux sont recouverts du drapeau tricolore, et face à eux, une flamme en acier avec une urne contenant les cendres de déportés transférées des camps de la mort…
         Deux informations avant de terminer cet article.
L’Ordre de la Libération a été créé par le général de Gaulle en 1940, il était alors chef des Français Libres. Devenait Compagnon de l’Ordre de la Libération, les Français qui s’étaient distingués par leurs actions pour la libération de la patrie. Il y eut 1 038 Compagnons dont six femmes, cinq communes, 18 unités combattantes, l’ordre s’est éteint au décès d’H. Germainen en octobre 2021.
• Le 13 décembre 2021, le monument a été tagué par des manifestants anti-pass vaccinal, sans savoir que derrière la façade en grès rose des Vosges se trouve la crypte où reposent d’autres combattants. L’histoire de deux femmes résistantes m’a marqué, l’une d’elle, pour ne pas parler lors des séances de torture de la Gestapo, a préféré se suicider dans sa cellule à la prison de Fresnes (Berty Albrecht). L’autre, Renée Levy, a été décapitée à la hache dans une prison en Allemagne par la SS Schutzstaffel.
        Je vous invite à regarder ce reportage photo réalisé avec l’autorisation de la directrice du Mémorial.

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9/ Le séminaire des Barbelés à Coudray (Eure-et-Loir)

      Le séminaire des Barbelés, vaste ensemble militaire réformé, est situé dans la banlieue de Chartres, à Coudray.
        En 1912, l’armée française en avait réquisitionné 7 ha afin d'y stocker du matériel (projecteurs d’artillerie, systèmes de défense pour la détection des aéronefs et ballons dirigeables).
      En 1920, les bâtiments sont détruits et un nouvel aménagement en béton est prévu pour les écoutes téléphoniques et repérages aériens par photographie.
           En 1939, nouvel aménagement, le camp servira de Centre de mobilisation.
      En 1940, après l’invasion allemande, il devient un camp de détention pour les prisonniers français en instance de partir pour l’Allemagne (Oflag pour les officiers, Stalag pour la troupe).
         Suite au débarquement américain sur les côtes normandes, Chartres est libéré au mois d’août ainsi que la commune de Coudray. Les Américains vont aménager ce vaste camp afin d’y garder les prisonniers allemands. Les conditions de vie sont désastreuses pour les 38 500 détenus, certains y souffriront de typhus, dysenterie ou diphtérie.
         Dans le camp, divisé en 12 blocs, les prisonniers de tous types sont entassés, d’un côté les SS et soldats de la Wehrmacht, dans un autre, le personnel féminin (souris grises). Dans le bloc no 1, meublé de châlits de 450 places et de deux poêles à bois, seront logés les étudiants en théologie et séminaristes.
        Ceux-ci construiront une chapelle dans le fond du bâtiment, elle sera décorée par le responsable de ce bloc, l’abbé Franz Stock. Le point de départ de cette initiative vient de la construction d’un petit séminaire à Alger (suite à la défaite de l’Afrika-Korps).
      Le général Boisseau et l’abbé Le Meur (aumônier général des prisonniers de guerre allemands) vont y rassembler, dans la structure du camp du Coudray, l’ensemble des séminaristes. Franz Stock, alors prisonnier des américains, est choisi par l’abbé Rodhain pour organiser et diriger cette structure de 949 séminaristes dont 630 seront nommés prêtres.
         Le Nonce apostolique (représentant du pape) Roncalli, futur Pape Jean XXIII, visitera quatre fois ce camp d’internement et saluera le remarquable travail de Franz Stock.
         Dans la suite de ce reportage, Alain PUECH donnera d’autres informations illustrées sur la personnalité de ce prêtre hors du commun (Il fut aumônier au Mont Valérien ainsi que dans les prisons parisiennes lors des tragiques exécutions d’otages et de prisonniers) et sur la suite de son œuvre durant sa captivité.

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Franz Stock, aumônier de l’Enfer

      La présence de Franz Stock a été un élément déterminant dans le fonctionnement du séminaire des Barbelés à Coudray, près de Chartres.
      L’histoire de sa vie a inspiré quelques auteurs littéraires mais aussi et surtout le cinéaste Claude Autant-Lara. Celui-ci a tourné en 1968, avec comme acteur principal Hardy Kruger, le film « Le Franciscain de Bourges » racontant l'action d’un aumônier militaire allemand qui réconforte et assiste dans leurs derniers instants les condamnés à mort quelle que soit leur religion ou leur croyance.
      Franz Stock est né en 1904 à Neheim en Rhénanie du Nord, il est l’aîné d’une fratrie de neuf enfants issue d’une famille ouvrière.
      Dès 1926 il entre au séminaire et, en 1928, il va poursuivre ses études en France à l’institut catholique de Paris. Parfaitement bilingue, il retourne en Allemagne pour être ordonné en 1932, et faisant partie de l’Ordre religieux des Compagnons de Saint François, il prend en charge une paroisse près de Dortmund.
        En mai 1933, Hitler est nommé chancelier de l’Allemagne.
       A la déclaration de guerre, le 1er septembre 1939, Franz Stock va prendre ses activités d’aumônier militaire allemand à Paris où il sera nommé, en fonction accessoire, auprès des prisons de Fresnes, du Cherche midi et de la Santé.
      C’est là qu’il exercera pleinement sa mission de religieux en assistant les condamnés à mort jusque dans leurs derniers instants. Il prendra l’initiative, en retrait du peloton d’exécution, de noter sur un cahier d’écolier les lieux et dates d’inhumations des fusillés du Mont Valérien afin d’en informer les familles françaises.
A la libération de Chartres, il fait partie du camp 501 d’internement du Coudray, où sont regroupés plus de 900 séminaristes allemands dans le bloc No 1.
      Aidé de plusieurs de ces étudiants en théologie, il va créer une chapelle au fond du block et réaliser quelques peintures murales dont une représentant Saint Boniface, saint patron de l’Allemagne. Ce site sera visité à plusieurs reprises par le Nonce apostolique le cardinal Roncalli, futur pape Jean XXIII.
     A partir de 1947, il viendra bénir les séminaristes formés au camp en départ pour l’Allemagne et à la fermeture de celui-ci, Franz Stock reprendra ses activités d’aumônier auprès de la communauté allemande de Paris.
       Il n’a que 43 ans quand il meurt d’épuisement le 24 février 1948 et est inhumé sans sa famille au cimetière de Thiais avec les indigents sous un tas de terre avec une croix en bois. Le transfert de son corps se fera le 15 juin 1963 avec l’autorisation du Ministre Edmond Michelet, grand résistant et homme pieux.
      Le 1er mars 1998, en présence du cardinal Lustiger, le Chancelier Helmut Kohl viendra se recueillir sur sa tombe où est écrit « Les familles de prisonniers et fusillés Français reconnaissantes».

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L’église Saint Jean Baptiste de Rechèvres

      Située dans la ville de Chartres, l’église de Rechèvres où repose l'aumônier allemand Franz Stock a été consacrée en 1961.
      C’est en parcourant à bicyclette les alentours du camp des Barbelés que le Père Closset va découvrir, dans l'ancien camp des séminaristes, un clocheton en bois dépassant de leur ancien bâtiment.
     Après la guerre, la chapelle étant devenue trop petite, il soumet un projet de construction aux autorités municipales et ecclésiastiques afin de faire construire dans un nouveau quartier une chapelle en hommage à celui qui en fut son précepteur.
       Le plan de l’église reprend l’idée d’un baptistère, la composition de la voûte celle d’un parachute, les vitraux sont abstraits et transfigurent la coupole centrale.
     Dans cette église, consacrée en 1961, se trouvent des reliques de Saint Boniface, Saint patron de l’Allemagne, y sont gravés également les noms des 949 séminaristes du camp des Barbelés.
      Le tabernacle est l’œuvre d’Eva Moskopf-Horst femme d’un ancien prisonnier, il représente des détenus, têtes baissées, portant des chaînes.
    A travers les dessins réalisés par les enfants d’une catéchèse de la paroisse, on peut retracer la vie et le sacerdoce de Franz Stock.
     Là où il repose, on peut lire ce message du pape écrit 12 jours avant le transfert de ses cendres « Franz Stock ce n’est pas seulement un nom mais aussi un programme ».
La mosaïque et le puits de lumière ont un lien avec la visite d’Helmut Kohl en 1968 pour le 50e anniversaire de sa mort.

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10/ Juin 2023: Aktion Reinhard, la solution finale en France

      En retournant voir un ancien collège à Pantin en Seine-Saint-Denis, Alain PUECH a découvert que le département avait réhabilité une ancienne gare de la grande ceinture parisienne. Mon appareil photo en bandoulière, il s’est approché pour découvrir ce vestige historique d’un passé pas si lointain que ça… Dès la rampe pavée qui mène à l’entrée de la gare de Bobigny, une immense tristesse envahit le lieu par lequel des milliers de déportés sont passés…. Son reportage photo serait incomplet sans y associer le camp d’internement de Drancy. Il vous propose donc une visite de ces deux lieux clés de la Seconde Guerre mondiale, à travers quelques images et rappels historiques.
      La lecture du livre « Mein Kampf » permet de comprendre qu’Hitler, à sa prise de pouvoir, souhaite promulguer un certain nombre de décisions concernant les lois raciales et la mise en place de camps de concentration pour les opposants au régime. Il prévoit de mettre en œuvre un programme d’éloignement et de sanctions envers ceux qui ne représentent pas l’idéal du citoyen allemand.
          La Nuit de cristal (9 et 10 novembre 1938) est le point culminant de toutes ces actions, d’abord envers les juifs, puis élargi à tous les opposants au régime nazi. L’invasion forcée de la Pologne et de la Tchécoslovaquie et l’annexion de l’Autriche permettent l’ouverture de nombreux camps de concentration et d’extermination. Durant la conférence de Wannsee, lors d’une réunion à Berlin, le 21 janvier 1942, la décision d’une « solution finale » est prise, en présence d’Heydrich, Himmler, Göering, charge à Adolph Eichmann, adjoint de Heydrich d’organiser cette opération nommée Aktion Reinhard. Dans la France occupée, sous le joug des Allemands, des collabos, des sympathisants du gouvernement collaborationniste, Eichmann donne en 1943 tous les pouvoirs à Aloïs Brunner. Celui-ci, à la tête de commandos, fait la chasse aux résistants, communistes, réfractaires au STO, francs-maçons et juifs et tsiganes de région parisienne. Au cours de ces rafles, de nombreuses personnes vont être emprisonnées, particulièrement à Compiègne et à Drancy.

Le camp d’internement de Drancy (Seine-Saint-Denis)

      La cité de la Muette à Drancy a été construite dans les années 1930. Elle se compose de plusieurs tours et d’un bâtiment en forme de U. Un premier camp est réservé pour les prisonniers français et britanniques dès le début de la guerre en 1940, puis les Allemands vont le réquisitionner pour l’internement des juifs à partir du mois d’aout 1941. De 1941 à 1944, c’est la gendarmerie nationale qui va assurer la surveillance du camp, elle sera logée dans les tours avoisinantes.
      Dans la France occupée, le service des affaires juives de la Gestapo, sous les ordres du capitaine SS Dannecker, est installé à Paris. Avec la collaboration du régime de Vichy, il va utiliser les fichiers mis à sa disposition. Avec l’aide des forces de l’ordre, de la Milice de Darnand, les rafles sont organisées.
        Aloïs Brunner, commandant du camp va faire régner une atmosphère de terreur, de soumission et de violence. 63 000 personnes seront déportées entre mai 1941 et juillet 1944 à partir des gares de Bobigny pour un tiers et du Bourget pour les deux autres tiers, convois escortés par les militaires allemands et la gendarmerie nationale. Parmi les prisonniers restants, certains seront pris en otages pour être fusillés au Mont Valérien. Le dernier convoi partira le 31 juillet 1944 et le camp sera libéré le 18 aout 1944 par les FFI et la Croix-rouge US. Il restait alors 1 830 prisonniers.

           Pour commémorer ce souvenir, une sculpture de Shelomo Selinger est placée auprès d’un wagon, symbole de ce site.

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La gare de déportation de Bobigny (Seine-Saint-Denis)

       Loin des bombardements qui touchent le nœud ferroviaire du Bourget, Aloïs Brunner choisit Bobigny en 1943 pour faire partir vers l’Est les prisonniers de Drancy. Sur un espace de 4 hectares se trouve la gare de marchandises, une rampe pavée de regroupement, un quai découvert et un abri pour les marchandises. Celui-ci servira à dépouiller les arrivants à leur descente des autobus parisiens.

       L’organisation allemande est sans faille, 21 convois partiront en direction d’Auschwitz-Birkenau, Sobibor ou Treblinka. Près de la gare, 73 stèles ont été érigées représentant l’ensemble des convois de la déportation. En 13 mois, 22 500 personnes seront déportées et gazées à leur arrivée dans les camps de la mort, dont plusieurs milliers d’enfants. Seul 5% reviendront témoigner ou garderont le silence, prostrés dans une vie pleine de lourds nuages sombres, liés à leur passé et à leur culpabilité d’avoir survécu….

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11/ Novembre 2023 : Le fort de Cezembre (Ille-et-Vilaine)

      L’association aura l’occasion de visiter l’an prochain les vestiges du débarquement en Normandie. En attendant Alain PUECH vous propose de visiter un ouvrage situé en Ille et Vilaine.
Un peu d’histoire :
Situé sur l’ile de Cézembre, non loin de Saint-Malo et Saint-Servan, le fort de la cité d’Alet est une construction de type Vauban (fin du 17e siècle).
Sa situation côtière, légèrement surélevée, en a fait un point stratégique pour la protection des navires de guerre entre Saint-Malo et les iles de Jersey et Guernesey.
Le Maréchal Rommel ne s’y est pas trompé quand il a décidé de renforcer les postes de combats et l’armement de ce fort, aidé en cela par l’organisation Todt qui emploiera des milliers d’hommes afin de renforcer ce secteur des côtes françaises.
L’ouvrage est situé sur une presqu’île de 600 mètres de long et 200 de large qui restera longtemps interdite aux visites en raison des zones où l’on trouve encore de nombreuses torpilles, bombes et autres engins de combat.
Il est puissamment armé de six gros canons de 194 mm d’une portée de 18 kilomètres et de deux batteries anti-aériennes du type Flak (20mm) ainsi que, sur le chemin de ronde, de six coupoles d’artillerie en acier équipées de mitrailleuses lourdes pour la protection rapprochée du fort.
L’ensemble de cette construction normalisée, connue sous le nom de Regelbau, occupée par plus de 400 soldats issus de la Kriegsmarine et d’environ 90 soldats Russes issus de l’armée Vlassov (Hiwis), était sous la responsabilité de Richard Seuss commandant de la Marine-Artillerie-Abteilung-608.
Cette fortification était prévue pour une invasion maritime qui n’eut pas lieu car, suite au débarquement en Normandie le 6 juin 1944 et la percée d’Avranches le 30 juin 1944, Cézembre va se trouver sur la route des Américains qui, après avoir libéré Saint-Malo (8e corps d’armée US), vont sur ordre du général Patton pousser plus loin. Celui-ci demandera à ses troupes de progresser rapidement vers les objectifs prévus de Lorient et Saint-Nazaire.
Le fort de Cézembre, étant un point de résistance, 75 bombardiers américains ainsi que 165 Halifax de la Royal-Air Force vont se succéder en des vagues de bombardements à partir du 8 août 1944. Au total, entre le 25 et 26 août, eurent lieu 1 500 raids dont un au napalm et phosphore.
Le 17 août, pour faire céder la garnison de Cézembre qui reçoit en renfort des combattants rescapés de Normandie, immobilisant la 83e DI US, l’amiral allemand Huffmaier, responsable du secteur Bretagne, refusant par deux fois la réédition des combattants allemands se verra menacé d’un intense bombardement maritime venu d’un destroyer anglais (HMS Malaya) arrivé de Portsmouth et tirant des obus de 380 mm.
Le commandant R. Seuss va se constituer prisonnier et fera hisser le drapeau blanc le 2 septembre 1944.
Les généraux US K.French et R. Macon vont récupérer les 322 hommes encore valides de la garnison.
Alain ne connaît pas le nombre d’Allemands tués mais du côté Américain les assauts feront 40 morts au sein du 329e Buckshot
A la fin du conflit les soldats allemands tombés dans la région seront pour une partie inhumés dans le cimetière du Mont d’Huisnes (Manche) où reposent plus de 11 880 combattants et pour les soldats américains une quinzaine d’entre eux seront enterrés dans le cimetière US de Saint-James (Manche) 4 450 tombes..

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Janvier 2024 : Le cimetière américain de Saint-James (Manche)

     

Après la visite du fort situé sur la presqu’île de Cézembre, Alain PUECH a voulu compléter son reportage photo en allant jusqu'au cimetière américain de Saint-James, dans la Manche, où reposent 15 soldats US tombés durant la prise de cet ouvrage puissamment fortifié.

Deux nécropoles américaines rappellent  le souvenir du  débarquement de 1944 en Normandie, le cimetière de Saint-James (Manche) et celui de Colleville-sur-Mer (Calvados) que Philippe Lejeune et Eric Guillemeau et leur guide auront l’occasion de nous faire découvrir au cours de notre sortie d’octobre 2024.  

Un peu d’histoire :

Le cimetière mémorial américain de Bretagne « Brittany »  est situé non loin du village de Montjoie-Saint-Martin, lieu choisi par les autorités américaines en souvenir de la percée d’Avranches et des durs combats de Mortain et de Saint-Lô .

La France a concédé à perpétuité ce terrain de 14 hectares où reposent 4 410 soldats américains.

Le général Patton, commandant les 7ème puis 3ème armées américaines, approuvera ce choix.

Il logera quelques jours dans un domaine avoisinant (La Paluelle) et durant les opérations y fera construire un aérodrome en août 1944, permettant  de poursuivre les offensives de libération sur la Bretagne et les départements côtiers, vers Saint-Malo, Cézembre, Mortain et Avranches (31 juillet 1944).

 Ces offensives sont connues sous le nom d’opérations « Cobra ».

Cimetière provisoire à partir du 5 août 1944, il devient une nécropole importante dès la libération de la  région par la 8eme ID US en août  1944.

La nécropole sera inaugurée le 20 juillet 1956, 4 327 croix latines et 81 étoiles de David témoignent de l’engagement des États-Unis d’Amérique. Sur l’arrière de la chapelle se trouve une sculpture représentant la Jeunesse triomphant du Mal et sur le mur des disparus 498 noms sont gravés dans le marbre. Dans ce cimetière repose deux soldats ayant reçu la médaille d’honneur à titre posthume pour faits d’armes exceptionnels il s’agit du Sergent Hallman et du 1ère classe Prussman . Pour mémoire , Alain rappelle que la médaille d’honneur est aux Etats Unis la décoration la plus élevée dans la hiérarchie militaire américaine. Nous en reparlerons dans un prochain article.

En remontant l’allée principale, Alain pensait à cette chanson de Michel Sardou

« Un gars venu de Géorgie qui se foutait pas mal de toi est venu mourir en Normandie un matin où tu n’y étais pas »

Allez fredonne encore, l’automne est bien triste en ce mois de novembre 2023.

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